


Le développement agricole en Afrique ne se limite pas à la modernisation technique ou à l’introduction de nouvelles technologies. Il s’appuie avant tout sur la valorisation des savoirs paysans, la reconnaissance des pratiques alimentaires indigènes et la structuration de systèmes agroécologiques durables capables de répondre aux défis climatiques et nutritionnels. C’est dans cette perspective que se sont déroulés les travaux. Du 17 au 22 novembre 2025, la CNOP-CAM a organisé à Yaoundé un atelier international consacré aux paniers alimentaires africains, avec l’appui de l’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA), avec la collaboration de PELUM Zimbabwe et de la CONABIO du Mexique.
📌 Le panier alimentaire du Zimbabwe : une richesse exemplaire
La présentation du panier alimentaire indigène du Zimbabwe a marqué les participants par sa profondeur et sa diversité. Une équipe pluridisciplinaire composée de nutritionnistes, botanistes, chercheurs, organisations paysannes et acteurs privés a sillonné la province de Masvingo. Les anciens et les femmes rurales ont transmis leurs savoirs lors de dialogues communautaires, des foires de semences et d’aliments traditionnels ont été organisées, et des données précieuses ont été collectées sur les pratiques alimentaires locales.
Le panier zimbabwéen met en évidence une diversité remarquable : seize cultures de champ, cinquante-cinq espèces animales, vingt-sept insectes comestibles, quarante légumes, trente-cinq fruits et cinquante plantes médicinales. À cette richesse s’ajoutent des recettes traditionnelles et des plans nutritionnels adaptés aux différents groupes sociaux. Ce travail démontre la valeur culturelle et nutritionnelle des aliments indigènes et leur rôle dans la résilience des communautés face aux changements climatiques et aux crises alimentaires.
📌 Premiers résultats, nouvelles perspectives : le panier alimentaire camerounais avance



La CNOP-CAM a présenté l’état d’avancement du panier alimentaire camerounais, lancé dans le cadre du protocole d’accord national et inscrit dans la campagne « Ma nourriture est africaine ». Depuis juin 2025, une équipe pilote pluridisciplinaire composée de sociologue, nutritionniste et statisticien s’est formée. Le site d’expérimentation a été choisi dans la localité de Ngoumou. Un questionnaire type a été conçu et expérimenté, avec déjà vingt-cinq pour cent des enquêtes administrées auprès des ménages ciblés.
Les équipes ont dû composer avec plusieurs contraintes qui ont parfois ralenti le rythme des activités. Les conditions climatiques, notamment en saison de pluies, ont rendu certains déplacements plus difficiles et les routes, souvent dégradées, ont exigé une organisation logistique plus rigoureuse. Le contexte pré-électoral et post-électoral a également introduit une certaine prudence dans les démarches administratives et communautaires, sans toutefois bloquer le processus. À cela s’est ajouté le défi de traduire avec précision les noms de mets et de plantes en français et en anglais, un travail minutieux qui a demandé du temps et de la concertation.
Malgré ces défis, l’équipe a su maintenir le cap. Des documents techniques tels que la fiche synoptique, le scénario et les fiches d’enquêtes ont été produits, témoignant de l’avancée concrète du projet. Dix autorisations administratives ont été obtenues, permettant d’enquêter dans les villages avec l’appui des autorités locales et l’adhésion des chefs traditionnels, preuve de la légitimité et de l’ancrage communautaire de l’initiative.
📌 Leçons communes et différences



Les deux expériences révèlent des leçons communes fortes. Elles montrent l’importance de mobiliser des équipes pluridisciplinaires, de compléter les savoirs scientifiques par les connaissances communautaires, d’intégrer plusieurs générations et de reconnaître la saisonnalité des aliments comme facteur structurant. Elles mettent aussi en lumière des différences notables. Le Cameroun a mené des enquêtes auprès des ménages et couvert plusieurs groupes ethniques, tandis que le Zimbabwe s’est concentré sur une seule communauté et a privilégié les experts. Le temps de collecte a été plus long au Cameroun, deux mois, contre cinq jours au Zimbabwe.
Recommandations stratégiques
Les participants recommandent d’inclure davantage les ménages dans les enquêtes afin de mieux saisir la diversité des pratiques alimentaires, d’enregistrer les voix et témoignages pour préserver l’oralité et la mémoire vivante, d’associer des spécialistes de la communication pour renforcer la diffusion et la mobilisation, et d’améliorer l’identification des noms scientifiques grâce à des outils numériques.
Un plaidoyer pour l’agroécologie et la souveraineté alimentaire
Au-delà des chiffres et des procédures, les paniers alimentaires du Zimbabwe et du Cameroun portent un message fort. Ils placent l’agroécologie au cœur des systèmes alimentaires africains. En documentant les aliments indigènes et les savoirs paysans, ces initiatives défendent la souveraineté alimentaire, valorisent la biodiversité et construisent des solutions durables face aux défis climatiques et nutritionnels. Ce plaidoyer rappelle que l’avenir de l’alimentation en Afrique se construit en s’appuyant sur les pratiques locales, les savoirs traditionnels et la résilience des communautés.
Les paniers alimentaires africains, présentés à Yaoundé, illustrent l’engagement des organisations paysannes à documenter, valoriser et transmettre les savoirs locaux, en bâtissant une Afrique résiliente et fière de ses pratiques alimentaires locales
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