La pisciculture à Nkolmefou 1 : une activité agroécologique durable portée par les femmes et les jeunes

Nkolmefou 1, un village situé aux encablures de l’aéroport international de Nsimalen, à une trentaine de kilomètres de Yaoundé, dans la région du Centre Cameroun, département de la Mefou-Afamba, se distingue par une initiative remarquable : l’adoption de la pisciculture comme activité agroécologique durable. Conduite par les femmes et les jeunes, cette pratique illustre à la fois un engagement envers la durabilité environnementale et une quête d’autonomie économique.

La pisciculture : un levier pour l’agroécologie

La pisciculture s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’agroécologie, un mode de production agricole qui valorise les cycles naturels et minimise l’impact environnemental. À Nkolmefou 1, les étangs piscicoles sont souvent intégrés dans des systèmes agricoles où les déchets des poissons servent d’engrais naturel pour les cultures. Cette synergie permet de réduire les intrants chimiques et d’améliorer la fertilité des sols. De plus, la pisciculture locale privilégie des espèces adaptées à l’écosystème, comme le tilapia ou le poisson-chat, réduisant les besoins en alimentation artificielle et contribuant à la préservation de la biodiversité aquatique.

Le rôle des femmes et des jeunes

Dans cette communauté, les femmes et les jeunes jouent un rôle clé. Les femmes, souvent en marge des opportunités économiques, trouvent dans la pisciculture une activité valorisant leur savoir-faire tout en renforçant leur autonomie. Elles participent activement à toutes les étapes, de la préparation des étangs à la commercialisation des poissons. Les jeunes, quant à eux, voient dans la pisciculture une réponse au chômage rural. Grâce à des formations locales et des initiatives communautaires, ils acquièrent des compétences pratiques et entrepreneuriales, leur permettant de contribuer à la prospérité de leur communauté tout en construisant leur avenir.

L’accompagnement de la CONAPAAC à travers le projet FO4ACP

Les femmes et jeunes pisciculteurs de Nkolmefou 1 sont membres de la CONAPAAC (Concertation Nationale des Acteurs de la Pêche Artisanale et de l’Aquaculture au Cameroun). Cette association leur a permis de bénéficier de l’appui du projet FO4ACP (Farmers’ Organizations for Africa, Caribbean and Pacific), financé par l’Union Européenne et le FIDA.

Grâce à ce partenariat, ils ont reçu des formations approfondies sur l’itinéraire technique de la pisciculture, notamment la gestion des étangs et les bonnes pratiques d’élevage. Ils ont également bénéficié de l’acquisition d’alevins, d’intrants et de matériels adaptés pour améliorer leurs performances. Cet accompagnement a permis de renforcer leurs capacités et d’assurer une production durable et compétitive.

L’apport de L’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA)

L’AFSA, une organisation panafricaine engagée dans la promotion de pratiques agroécologiques, joue également un rôle crucial à Nkolmefou 1. L’AFSA se consacre à la souveraineté alimentaire en encourageant des méthodes de production respectueuses de l’environnement et adaptées aux besoins locaux.

Elle a soutenu les pisciculteurs à travers des formations spécialisées sur les pratiques piscicoles durables, l’intégration de la pisciculture aux systèmes agricoles existants et des échanges de savoir-faire. Ces échanges incluent notamment l’utilisation de plantes locales telles que les feuilles et pépins de papayer, les feuilles de moringa et les feuilles de titonia olifera, qui servent d’antibiotiques naturels pour améliorer la santé des poissons et réduire l’usage de produits chimiques. Cette approche met en avant les ressources locales et leur potentiel pour promouvoir une aquaculture écologique et innovante.

Impacts socio-économiques et environnementaux

Les retombées de la pisciculture à Nkolmefou 1 sont multiples. Sur le plan économique, elle génère des revenus stables pour de nombreuses familles et stimule les échanges locaux. Sur le plan social, elle favorise l’inclusion des femmes et des jeunes, consolidant ainsi le tissu communautaire. En termes environnementaux, cette pratique réduit la pression sur les ressources naturelles, notamment les pêches sauvages, tout en limitant les émissions de carbone grâce à des techniques durables.

Défis et perspectives

Malgré ses nombreux avantages, la pisciculture à Nkolmefou 1 fait face à des défis. Le manque d’équipements modernes, l’accès limité aux financements et les fluctuations climatiques sont autant d’obstacles à surmonter. Cependant, avec un soutien accru des autorités locales, des ONG et des partenaires internationaux, ces défis peuvent être transformés en opportunités.

En conclusion, la pisciculture à Nkolmefou 1 est bien plus qu’une simple activité économique. Elle est le symbole d’un engagement collectif pour un développement durable, porté par les femmes et les jeunes, et d’une volonté de construire un avenir prospère et respectueux de l’environnement. Grâce à l’accompagnement de la CONAPAAC, du projet FO4ACP et de l’AFSA, cette initiative mérite d’être encouragée et reproduite dans d’autres régions du Cameroun et au-delà.

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